Manager dans la fonction publique territoriale aujourd’hui ou l’art du bricolage
« Pourquoi joindre l’inutile au désagréable ? » s’interroge Evelyne Bechtold-Rognon dans un ouvrage paru en 2018 aux éditions de l’Atelier. Forte de son expérience de vingt ans comme professeur de philosophie au lycée des Ulis situé au nord de l’Essonne, elle en appelle à « en finir avec le nouveau management public ». Cette revendication est-elle transposable au monde de la territoriale ? C’est en tout cas ce que semble indiquer le nouveau « Baromètre bien-être au travail » livré par la Gazette des communes : 58 % des sondés estimant leur niveau de bien-être dégradé et 29 % disant ressentir une fatigue nerveuse extrême, la Gazette pose la question : « Où sont les managers ? » (édition du 5 novembre 2018).
L’une des causes de ces souffrances tient aux changements rapides induits par les réformes menées tambour battant depuis l’adoption de la loi no 2010-1563 du 16 décembre 2010 et ses avatars : les lois no 2014-58 du 27 janvier 2014 de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles (MAPTAM) et no2015-991 du 7 août 2015portant nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe). Les chiffres sont connus : -1,5 milliard d’euros en 2014 ; 3 milliards d’euros en 2015, 2016 et 2017 et une baisse encore équivalente à 1% du budget de fonctionnement des petites communes en 2018.
Face à ces contraintes, plus qu’un chef de service, le nouveau management demande aux responsables d’être de vrais managers. Le changement de vocable n’est pas anodin. Autant le chef de service « traditionnel » était noté en fonction de sa capacité à s’assurer que ses subordonnés agissaient dans le respect des lois et règlements, autant le manager nouveau est évalué à sa capacité à motiver ses collaborateurs pour atteindre des objectifs préétablis. Ce qui, dans le contexte, actuel, revient à faire de lui une sorte de « Mc Giver » de la territoriale.
Ce doit en effet être un bricoleur de génie (I) à qui l’on doit pouvoir demander de réaliser des équations à « X » inconnues, même si cela relève de la gageure (II).