Covid-19 : « Nous devons accompagner et rassurer nos agents »
Alors que l’épidémie de covid-19 fait plus que jamais partie de l’actualité du monde du travail, comment les collectivités territoriales abordent-elles l’organisation de leurs ressources humaines en cette période de rentrée ? Nous avons posé la question à Christophe Bernard, le directeur des Ressources humaines de la Ville, de l’agglomération et du CCAS de Bourges.
Quelle organisation du travail avez-vous mise en place depuis le mois de septembre dans votre collectivité ?
Chaque semaine, deux instances spécifiques se réunissent le mardi et le mercredi pour aborder les questions liées à la crise sanitaire. La seconde instance rassemble notamment les élus et les représentants du personnel. L’idée est de faire le point sur l’organisation et les différents besoins des services : équipements spécifiques, masques, gel hydroalcoolique, mais aussi sur les protocoles sanitaires à mettre en œuvre au sein des écoles, des crèches, etc.
Nous nous sommes aussi penchés sur la question des horaires de travail et sur l’organisation de cycles horaires en décalé afin d’éviter un regroupement trop important des agents. Depuis le début de la crise sanitaire au mois de mars, il a fallu inventer et mettre au point de nouvelles règles d’organisation RH en parallèle de notre gestion habituelle et ce, sans vraiment disposer de points de repère ni d’indications au niveau national. D’ici fin décembre, nous devons continuer à faire front avec un calendrier RH chargé puisque nous devons mettre en place les lignes directrices de gestion et aborder la préparation du passage aux 1 607 heures annuelles. Sur ces deux sujets stratégiques, le Gouvernement n’a pas desserré la contrainte de calendrier de mise en œuvre de la loi de la transformation de la fonction publique. Les collectivités territoriales cumulent sur peu de mois de nombreux sujets complexes.
Le télétravail est-il toujours d’actualité depuis la crise du mois de mars dernier ?
Grâce à la direction des systèmes informatiques, nous avons pu faire des progrès fantastiques en la matière entre mars et mai dernier. Au moment du confinement, nous expérimentions le télétravail avec une quarantaine d’agents volontaires. En quelques semaines, sur environ 800 postes aux missions en tout ou partie « télétravaillables » nous sommes passés à près de 400 agents dotés d’une solution de télétravail.
En septembre, dans un contexte de généralisation de la reprise du travail sur site, nous sommes revenus à 40 agents en télétravail, c’est-à-dire au cadre de l’expérimentation. Nous avons prévu d’inclure cette question dans la réflexion plus globale sur le temps de travail qui doit avoir lieu prochainement. Le service public de proximité, c’est avant tout beaucoup de présence sur le terrain.
Par ailleurs, le management en télétravail a lui aussi révélé ses limites pendant le confinement, la coordination des équipes s’est révélée très difficile (multiplication des appels téléphoniques, des mails…). Le télétravail peut s’avérer épuisant et nous connaissons tous les limites de la communication par mail. Au plus fort de la crise, le télétravail a été utile pour assurer la continuité de nos missions, mais il faut se pencher sur cette question avec attention.
Quelles sont les problématiques que vous rencontrez en tant que DRH depuis le début de la crise sanitaire ?
Nous prêtons une grande attention aux personnes vulnérables, le médecin du travail est au cœur des questions de santé lié au covid-19. Nous avons toujours des agents en autorisation spéciale d’absence (ASA) parce que leur état de santé ne leur permet pas de revenir sur place et que leurs missions ne peuvent être effectuées en télétravail, ce qui n’est pas une situation facile. Au-delà de l’aspect personnel et de l’isolement, se pose aussi la question des congés en période de pandémie. Nous sommes en difficulté sur cette question. Je constate aussi que cette pandémie a révélé une demande forte de la part des agents d’être accompagnés, rassurés, qu’ils soient chez eux ou au travail. Beaucoup d’informations contradictoires ont circulé au plan national depuis le début de la crise sanitaire, ce qui véhicule parfois de l’angoisse. Accompagner et soutenir nos agents, voilà notre défi en tant que manager !