Égalité femmes-hommes : « Il faut continuer à questionner régulièrement nos pratiques »

Comment favoriser et faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes par les politiques publiques, mais aussi au sein de sa propre collectivité ? Un sujet plus que jamais d’actualité à l’heure où les collectivités territoriales doivent répondre à l’obligation de formuler un plan d’action précis d’ici fin 2020. Interview à deux voix avec Pauline Salaün, chargée de mission égalité femmes-hommes et Cécile Bizot, directrice des ressources humaines du département d’Ille-et-Vilaine.

Propos recueillis par Agnès Raynal

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Quelles sont les actions mises en place par votre département pour faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes ?

Notre collectivité s’implique depuis plusieurs années en faveur de l’égalité femmes-hommes. En 2014, le département d’Ille-et-Vilaine s’est engagé en signant la Charte européenne sur l’égalité entre les hommes et les femmes dans la vie locale. Cela s’est notamment traduit en 2016 par le vote d’un plan d’action pluriannuel réalisé de manière participative avec les agents ainsi que plusieurs partenaires extérieurs. Ce plan d’action concerne notamment les politiques publiques de la collectivité, c’est-à-dire nos actions en direction des habitants. Il comporte également un volet sur les violences conjugales. En interne, nous travaillons à la sensibilisation des agents sur cette thématique. Par exemple, notre service départemental d’incendie et de secours (SDIS) ne comporte que 4 % de femmes. Nous avons mis en place une enquête via l’intranet pour comprendre comment les femmes y sont accueillies, s’il existe des violences sexuelles et sexistes. Pour interpeler et faire réfléchir les agents et les responsables du SDIS, nous avons proposé un théâtre forum sur la question des violences sexuelles et sexistes. Cet exemple s’inscrit dans une action plus vaste dont l’objectif est de faire progresser l’égalité au sein du SDIS.

Comment le département d’Ille-et-Vilaine se prépare-t-il à l’échéance réglementaire de la fin d’année 2020 pour établir son plan d’action ?

D’ici fin 2020, les collectivités territoriales doivent établir un plan d’action sur 3 ans relatif à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Pour nous, il s’agira de rassembler un certain nombre de choses qui existent déjà et de structurer les actions que nous avons engagées depuis un moment. Ainsi, en matière de rémunération, nous avons mis en place le Rifseep qui permet de supprimer certains écarts qui existaient entre les filières. La filière technique, mieux rémunérée est une filière traditionnellement plus masculine. Le Rifseep a permis d’homogénéiser les salaires de au sein de notre collectivité. Concernant l’avancement de grade et la promotion interne, les nominations doivent être proportionnelles au nombre de candidats : s’il y a 60 % de femmes candidates à la promotion interne, il y aura 60 % de femmes bénéficiant de cette promotion. Nous pouvons également citer la conciliation vie professionnelle/vie personnelle avec la mise en place du télétravail et d’horaires variables pour plus de flexibilité. Il reste du chemin à faire dans d’autres domaines : par exemple, certains métiers sont encore majoritairement masculins ou féminins. Nous allons avancer aussi dans la valorisation de métiers non genrés. Enfin, pour sensibiliser nos agents à l’égalité professionnelle, une campagne de communication a été diffusée pour susciter la discussion et faire réfléchir.

En tant qu’employeur et que service public, quel est votre rôle dans la progression de l’égalité femmes-hommes ?

On entend parfois que l’égalité entre les femmes et les hommes est acquise ; qu’il n’y a plus de combats à mener. Mais il y a encore une forme d’inertie, de résistance passive contre lesquels il faut lutter pour continuer à faire progresser l’égalité sur tous les domaines. Notre collectivité souhaite porter ces valeurs d’égalité, c’est notre rôle en tant qu’employeur. À nous d’être vigilants, dans notre relation aux usagers des services publics, à nos agents. Nous devons nous questionner régulièrement : mon attitude envers autrui traduit-elle des préjugés ? La neutralité et l’égalité des services publics sont des valeurs essentielles de la fonction publique. En tant que collectivité nous devons participer à faire reculer les préjugés. On sait aujourd’hui par exemple que 70 % des équipements sportifs bénéficient aux garçons. Travaillons sur l’aménagement de l’espace public afin qu’ils soient utiles aussi bien aux femmes qu’aux hommes !

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